Aujourd’hui, j’ai rencontré la colère
Colère qui sommeillait en moi.
Colère qui n’attendais que ça.
Mon oreille à l’écoute.
Pour qu’elle puisse me délivrer son message.
Colère dans l’air du temps.
Co qui signifie “avec”, “ensemble”
Ensemble d’ans l’air du temps ?
Ensemble dans cette nouvelle ère ?
L’ère qui nous réunit
La colère nous unit-elle ?
Colère messagère.
Colère mère.
Colère guerrière.
Guerrière de l’âme.
Que nous dit la colère ?
Colère envers les autres
Colère envers la vie
Colère envers moi-même
Colère, aujourd’hui, je t’ai écouté pour la première fois.
Merci.
Elle en a eu assez que je fasse l’autruche. Assez que je fasse comme si je ne l’entendais pas. Regarder une vidéo, écouter une musique, manger un morceau, aller marcher, appeler un ami… C’est vrai que tous les moyens étaient bon pour m’anesthésier de sa présence. Pourtant, elle frappe depuis beaucoup d’années, je le comprends seulement maintenant.
Dernièrement, elle frappait si fort qu’elle m’en empêchait de dormir. “Mais pourquoi tambourine-t-elle si fort ? Il n’y a aucune raison, tout va bien !”. Le mental n’est jamais bien loin pour te faire croire monts et merveilles.
Seulement, les temps ont changé et mes émotions ne me laissent que rarement du répit. “Je ne te lâcherais plus tant que tu ne m’écouteras pas”, me promettent-elles. Cette colère a eu raison de moi. Alors aujourd’hui, j’ai décidé de l’écouter, réellement.
Je crois bien que c’est la première fois que j’écoutais ma colère, c’est comme si je la considérais comme une émotion… néfaste, mauvaise. “Les gens bienveillants et plein d’amour ne devraient pas ressentir la colère, je dois l’éviter”, mon mental me disait. Et je l’ai cru, longtemps.
Etre en colère, c’est mal. C’est apporter des mauvaises ondes, c’est être égoïste, sans cœur, c’est être un monstre, un arriéré. C’est être quelqu’un qui manque de contrôle, qui est faible. Etre en colère, c’est de ne pas savoir savourer pleinement la vie, c’est être ingrat, peu élevé. Etre en colère, c’est mal. Voilà le genre de choses que j’avais enregistré au plus profond de mes cellules. Alors ma colère, je ne voulais pas l’entendre. Avant même qu’elle puisse parler, je lui coupais l’herbe sous les pieds. J’entendais ma voix intérieure : “Stop ! De quoi te plains-tu ? Penses-tu aider les personnes si tu t’exprimes ? Tais-toi ! Retourne dans ta grotte, je n’ai pas envie de toi !”.
Et les quelques fois où elle osait se manifester, je me retrouvais à la gronder : “Je n’aurais pas dû t’écouter ! C’était mal. J’aurais dû appeler l’amour.”. Alors tel un loup rejeté et enfermé, elle s’est tarie dans sa tanière.
Pardon ma colère, je ne me rendais pas compte de ton importance. Merci de n’avoir jamais baissé les bras et d’avoir continué à frapper, même des années après. Tu as dû frapper fort pourtant, j’ai mis encore du temps à vouloir te voir et t’accepter. Je te ressentais, mais je ne voulais pas admettre que tu faisais partie de moi. Je me disais qu’avoir de la colère faisait de moi une mauvaise personne. Je n’avais pas envie d’être une mauvaise personne. Je voulais être dans l’amour, seulement dans l’amour. Mais… La colère n’est-elle pas une forme d’amour… Pour soi ?
Aujourd’hui, j’ai compris que ma colère me disait de m’aimer plus, de m’écouter plus. Si elle était là, ce n’était pas pour me nuire ou nuire aux autres, c’était pour me faire comprendre que j’allais à contre cœur du désir profond de mon âme. La colère me montrait quand quelqu’un cherchait à prendre le dessus sur moi, quand je n’étais plus en phase avec mes valeurs profondes ou quand une situation était en opposée avec mes envies profondes.
Aujourd’hui chère colère, j’ai été te voir et j’ai décidé de te vivre. Je me suis transformé en félin qui fêle, grogne, mord, sort les griffes, rugit, montre les crocs. J’ai senti ta rage, ta puissance, ta force. J’ai laissé le loup sortir, hurler de toutes ses forces. Derrière ses cris, j’ai senti la douleur, la rancœur, la déception, la peur, la frustration, la désillusion. Des images ont défilé, des souvenirs, des moments de vies où je t’ai étouffé, où j’ai renoncer à mon pouvoir, où je n’ai pas osé dire ce que j’avais réellement sur le coeur, où j’ai décidé de me plier en quatre pour répondre aux attentes des autres, où j’ai étouffé ma force créatrice pour rentrer dans les codes.
“Plutôt être ce qu’on attend de moi, qu’être rejeté du clan”.
En me coupant de moi-même, je me suis coupée de la vie. Alors, cette colère est venue me dire qu’il est temps de laisser la place à cette guerrière en moi qui est prête à être qui elle est au plus profond d’elle, et ce, peu importe les conséquences et le regard des autres. Car ce que je suis au fond de moi est pur, bienveillant, remplie d’amour. Et ça, c’est le cas pour chacun d’entre-nous. Seules nos peurs, attentes et fausses croyances nous empêchent d’y accéder. Nous sommes responsables de cet oubli.
J’ai crié tout mon ressentiment, j’ai osé dire ce que je n’avais jamais osé avouer à quiconque ni à moi-même. J’ai compris que je pouvais perdre des personnes en choisissant de vivre la vie que JE veux mais j’ai compris, colère guerrière, que tu es maintenant mon alliée, celle qui me guidera vers ce qui est le plus juste pour moi.
Aujourd’hui, tu m’as dit : “Il est temps de grandir. Il est temps d’avancer, de te détacher, de te libérer des attaches qui te freinent. Il est temps d’oser être toi”. Aujourd’hui, Chère colère, j’ai compris que tu serais là pour m’aider, pour que plus jamais je m’écrase. Aujourd’hui, j’ai compris que tu es la guerrière en moi. Merci de t’être manifestée.
Etre qui on veut être au plus profond de soi ne veut pas dire s’exclure de son entourage. C’est prendre le risque que certains désapprouvent nos choix, se sentent rejeter, moins aimé. Seulement, cela fait écho qu’à leurs propres peurs, leurs propres désirs. Si être à 100 % toi, dans le plus grand de tes bonheurs, en écoutant tes désirs et que cela parte toujours du cœur et d’un élan fertile, évolutif et bienveillant, la réaction des autres, leurs attentes, leurs craintes ne t’appartiennent pas. S’ils t’atteignent, écoute les émotions que cela fait ressurgir : la peur d’être rejeté, d’être moquée, d’être critiqué… Ces peurs sont réelles, possibles et c’est là que la colère guerrière prend toute sa puissance, elle te donne la force d’y faire face avec justesse et bienveillance, sans avoir à te corrompre ni à te diminuer. Elle a en elle la force de te guider, de te soutenir.
La colère guerrière n’est pas emplie de haine et de ressentiment envers les autres, elle comprends leur doutes et peurs, leurs blocages et fausses croyances. Elle les voit, les accepte. Puis s’en détache, car elle comprend que cela ne lui appartient pas.
Elle te rappelle que tu vis pour toi. Elle t’aidera à affronter les moments douloureux, les moments de déceptions, le moment où les autres émotions viendront pointer le bout de leur nez. Elle sera une guerrière mère, présente pour les consoler, les rassurer, les relever. TE relever. Tu verras que dans cette colère, il y a un amour infini, pour toi, pour ton âme et pour celle des autres. T’écouter et mener ta vie, c’est n’est pas tourner le dos aux autres, ni même les rejeter, les décevoir, les blâmer, les critiquer. C’est tout l’opposer. C’est les aimer profondément tout en t’aimant, toi, profondément.
Aimer une personne, ce n’est pas répondre à toutes ses attentes et désir. L’aimer, c’est l’accepter tel qu’il est, libre de jugement, être prêt à l’épauler le jour où il en aura réellement besoin/envie et continuer à vivre ta vie comme tu le désires au plus profond de ton âme, que cela plaise ou non.
Aujourd’hui, j’ai laissé ma colère me parler, me contorsionner, me libérer d’une partie de mes peurs. Aujourd’hui, je renais un peu à moi-même. Aujourd’hui, je laisse encore plus de place à ma guerrière intérieure, à cette mère guerrière. Aujourd’hui, j’ai franchi une marche. Je sais qu’il y en a d’autres, je sais que ma guerrière sera parfois mise à rude épreuve. Je sais qu’ensemble nous saurons y faire face. Je sais aussi que tant que la motivation vient de mon âme, de mon cœur et qu’elle part d’une intention pure et bienveillante, ça ira…